Brûler - 2017 - 1h20
Le sujet
La pièce se déroule sur le banc d’un arrêt de bus de banlieue, près d’un terrain vague, et de quelques usines, dans une petite ville pluvieuse du nord. Nil retrouve Ava plusieurs jours de suite à cet arrêt de bus. Des conversations l’air de rien, qu’ils entament, on comprend la gravité de Nil, et de ce qui le préoccupe. La pièce repose alors sur la force de jeu des comédiens, et sur leur naturel et vitalité. Sur leur engagement physique, car c’est une pièce vivante, où l’on s’attrape par les mots, et parfois aussi par les corps.
Le propos
Cette pièce veut parler d’un profil d’homme sombre, désespéré et intraitable, que la vie ne séduit plus. Cette pièce montre pourtant la vie, en la personne d’une jeune femme, séduisante elle aussi, mais ni cette jeune femme (ni rien d’autre d’ailleurs) ne pourra empêcher une fin programmée.
Les personnages
Nil est le personnage central de cette pièce. Il est pourtant celui qui s’exprime le moins. Il est taciturne, et peu chaleureux. Il faudra une femme pour le faire parler. Ava nous fait connaître Nil, autant qu’elle se fait connaître à nous, et, d’ailleurs si bien, qu’on se prendrait presque de sentiment pour elle. Ava, par sa vitalité, rachète Nil et sa violence larvée. Elle rend Nil presque quelconque, maladroit, banal, stérile, et peut-être ridicule. A l’opposé, Ava est légère, anecdotique, abondante, agréable mais profonde aussi bien. A cela Nil répond par son mutisme, et sa volonté, faite depuis longtemps, d’en finir. Pour cette raison, Nil se rend donc chaque matin à cet arrêt de bus : allant au bout d’un destin qu’il sait inéluctable. Et peut-être secrètement aussi, pour rencontrer encore une fois cette jeune femme, Ava, qui, bien malgré elle, fait désormais partie de ce destin.
Deux comédiens
Deux comédiens sur scène se partagent la parole d’un texte qui se veut intime, léger et profond à la fois. La parole et la question qui dominent sont féminines. La réponse qui leur est donnée est masculine, souvent faite de silences et d’entêtement. L’une, Ava, brille par la parole ; l’autre, Nil, par le silence ; et chacun fait parler l’autre, à sa façon, avec ce qu’il maîtrise le mieux. Ava, très tactile, ne peut d’ailleurs s’empêcher de vouloir toucher Nil, et de l’entraîner dans des jeux physiques, comme pour l’incarner mieux.
Le ton de la pièce
La pièce est sombre par son sujet. Mais la parole est donnée à une jeune femme, Ava, qui la rend si légère, qu’on croirait longtemps qu’il ne va rien se passer de grave. Malgré cette distance, la pièce ira à son dénouement, qui est tragique et violent, et que plusieurs signes annoncent dans la pièce. Est-ce le ton naïf et poétique de la pièce, ou de son personnage féminin, Ava, elle aussi naïve et poétique : on peut croire un instant à une rencontre fortuite, belle et sentimentale. Mais il n’en est rien : la fin de cette histoire est inévitable, et elle est sombre.





